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PAUSE BLOG - FR

Ballade en l’air

Sophie Gravier

Isabelle Françaix - 012LaDonaira Isabelle Françaix.jpg

Fanny Ardant prétend qu’on devrait écouter la musique contemporaine dans de grandes baignoires d’eau chaude ou de lait parfumé. A La Donaira, c’est plus rural et montagnard, mais l’esprit est là. D’abord on gravit le chemin vers les hauteurs. Pour un concert célébrant l’élément « air », c’est naturel. On pourrait monter à l’aveugle. Sentir l’alignement irrégulier des cailloux sous ses pieds. A gauche le romarin résineux, puis la lavande melliflue, à droite un souffle de fenouil, on devine le glou-glou du ruisseau qui va arroser les tomates du jardin. L’air s’épaissit, on entre dans le ventre de la nuit. L’ardoise craque sous les pieds, la cascade moussue lui fait écho. On y est presque. Entrons dans une sorte d’étable au toit qui flotte dans les airs et qui abrite un splendide piano à queue. Un Steinway nommé désir. Dans la journée, les murs sont une vue à couper le souffle. La nuit, l’imagination prend le relais. La Lune est en Vierge ce soir, et Vénus nous permet de nous allonger sur des ballots de paille recouverts de coton doux. Souvenirs d’enfance à la ferme, rires clairs et odeur de pain bis trempé dans le lait bouillant.

Hier soir, pour la soirée Terre, l’homme et les éléments ne faisaient plus qu’un. La terre nous faisait la grâce d’une audience. Ce soir, c’est différent. Nous sommes dans l’atelier de l’artiste qui vit… au grand air.

Julien Libeer et Rosanne Philippens éprouvent leur palette dans la Sonate pour violon et piano de Ravel. Un peu plus de violet dans le « Blues » pour évoquer la terre mauve d’Andalousie, et du vif-argent pour que le « Perpetuum Mobile » s’envole. L’alchimie se poursuit avec Laure Stehlin, Robin Scott Fleming. On cherche, on creuse le ciel comme disait Baudelaire, on interroge le silence de la nuit. La magie est au bout des doigts. Soudain Lidy Blijdorp chante avec son violoncelle. Inouï, la nuit jouit… Puis Damien Westrelin au piano donne la réplique au saxophoniste Gerald Preinfalk. Le jeu raffiné et délicat du Français se marie à merveille avec la voix d’un Paganini du Vent, un Eole des Cuivres. Avec Preinfalk le génie de la musique balaye tout, le toit s’envole. Seuls ses doigts décident s’il est midi ou minuit. Il peint, oui, mais avec du sang, des larmes, du rire, il créerait des couleurs avec ses déjections, s’il n’avait pas le choix, pour accoucher de l’or. La soirée se termine avec la voix généreuse et le tempérament à fleur de peau de Sarah Laulan. Julien Libeer revient pour un hommage à Aretha Franklin. Et c’est l’heure de faire la fête. Car à La Donaira Apollon et Bacchus ne sont jamais loin. Le matin, inondés de perles de rosée. Le soir, réconfortés d’un verre de rosé.